A la découverte de notre patrimoine: septembre 2014

vendredi 26 septembre 2014

Eglise abbatiale de Saint-Jouin-de-Marnes

Au détour d'un virage, au coeur du village de Saint-Jouin-de-Marnes, l'église abbatiale domine la plaine thouarsaise environnante. Ses dimensions impressionnantes, sa façade sculptée, ses clés de voûte et ses chapiteaux historiés en font un chef d'oeuvre de l'art roman poitevin.

Nous devons l'implantation de cette abbatiale "au milieu de nulle part" au saint ermite Jouin ou Jovinus qui vint se retirer ici (lieu-dit d'Ension) au IVème siècle. Autour de lui s'est formé une petite communauté, qui s’agrandit et se rallie à la règle de Saint Benoît au VIème siècle. Aux XIème et XIIème siècles, la puissance de l'abbaye qui rayonne sur le Poitou et l'Anjou et l'essor des pèlerinages (autour des reliques de Saint Jouin et Saint Martin de Vertou), incitent les moines à la construction d'une abbatiale plus grande et plus belle, consacrée en 1130. Malmenée lors des Guerres de Religion, elle renaît au XVIIème siècle avant de tomber dans l'oubli avec la Révolution : la plupart des bâtiments sont détruits. Seule l'église, devenue paroissiale subsiste mais nécessite très rapidement une restauration (1890 à 1920) qui lui redonne son faste de l'époque romane.
La superposition de trois arcades séparées de colonnes sur la façade Ouest laisse deviner la structure intérieure de l'abbatiale en trois nefs. Le portail central composé de cinq archivoltes est en parti décoré. Les baies du niveau central présentent des voussures sculptées et des sculptures entre les ouvertures : Saint Paul, Saint Jouin, Saint Pierre et Saint Jean l'Evangéliste, ainsi qu'une scène de l'Annonciation, ou au dessus des baies latérales, comme une femme aux serpents. Le tympan supérieur est décoré d'une scène du Jugement Dernier avec le Christ en majesté entouré d'anges sonneurs d'olifant. La base du tympan représente une frise de pèlerins convergeant vers la Vierge au centre. La façade est entourée de deux clochetons légèrement différents aux chapiteaux historiés.
L'intérieur de l'abbatiale est magistral : il s'agit de la plus longue nef de style roman poitevin encore debout, la nef compte ainsi 10 travées sur 3 paliers pour faire face à la déclivité du site. Si les colonnes centrales de la nef ont été reconstruites au XIXème siècle, on retrouve des chapiteaux historiés des XIème et XIIème siècles. Les voûtes en berceau brisé des trois premières travées sont d'origine, mais au XIIIème siècle on préfère pour les 7 autres travées et le choeur un système de voûtes gothiques ou "Plantagenêt" relativement complexe qui dévoile un grand nombre de clés de voûte (80).
De retour à l'extérieur on remarque coté Sud des baies romanes sculptées bien conservées. Bien que fortement allégé lors de la restauration, le transept Sud rappelle l'adjonction de fortifications au XIVème siècle : mâchicoulis, salle de garde, tourelle à archère. Mais le point d'orgue de la visite extérieure est le magnifique chevet qui laisse deviner la structure intérieure : absidioles et déambulatoire, choeur et clocher; le tout harmonieux et encore richement décoré. Au Nord, subsiste l'entrée principale de l'abbaye et la galerie sud du cloître adossée à l'abbatiale au XVème siècle avec ses baies de style gothique flamboyant.
Encore un bel exemple de l'architecture religieuse médiévale qui mérite largement le détour. Bonne visite !

Façade Ouest

Portail central

Détail portail central

Détail archivoltes et chapiteaux portail central

Façade Ouest

Baie centrale façade Ouest

Scène de l'annonciation - façade Ouest

Femme aux serpents - façade Ouest

Détail façade Ouest

Fronton façade ouest

Jugement dernier - Christ en majesté entouré des anges sonneurs d'olifants - Façade Ouest

Marche des pèlerins vers la vierge

Clocheton et ses chapiteaux historiés

Nef central

Collatéral sud

Déambulatoire

Transept et choeur

Choeur

Voûte "plantagenêt" du choeur

Voûte du choeur

Voûte de la nef

Lions gardiens de l'entrée

Le martyre de Saint Laurent - Clef du déambulatoire

Baie Sud

Arcs-boutant sud

Tour à archère et clocher

Chevet

Modillons du chevet

Vestige de l'entrée principale de l'abbaye

Galerie Sud du cloître

lundi 15 septembre 2014

Thouars

Après les principaux monuments de Thouars (le château, sa chapelle, l'église Saint-Médard et l'église abbatiale Saint-Laon), je vous invite à flâner dans cette vieille ville pour découvrir les autres vestiges remarquables de son riche passé.
Le promontoire rocheux dans un méandre du Thouet, site de défense évident, est probablement occupé depuis l'époque gallo-romaine. C'est surtout à partir du XIème siècle autour du château que se développe la ville. A la fin du XIIème siècle, elle se dote d'une forteresse et d'une enceinte urbaine dont il reste de beaux vestiges : la Tour du Prince de Galles et la Tour Porte au Prévost. La ville ainsi protégée se construit et de nombreuses maisons et hôtels particuliers du XVème au XVIIIème siècle en témoignent, comme les maisons à pans de bois de la place Saint Médard, de la rue du château ou de la rue Saugé, l'Hôtel des Trois Rois ou l'Hôtel Tyndo en cours de restauration.
Outre la ville ancienne, le cadre naturel participe au charme bucolique de Thouars où il fait bon marcher le nez en l'air et profiter à chaque coin de rue des surprises du temps.