Ni architectural, ni naturel, le Graoully fait pourtant, sans conteste, partie du patrimoine messin. Il est représenté partout dans la ville, sur la gare, la cathédrale bien sûr et jusque sur le blason du FC Metz aux cotés de la croix de Lorraine. Il tend à être un symbole de la ville : aucun Messin n'ignore la légende du Graoully.
A l'instar de la Tarasque à Tarascon ou de la Grand'Goule à Poitiers, le Graoully est une bête légendaire qui terrorisait la population locale et fut maîtrisée et chassée par un religieux devenu depuis Saint (St Clément à Metz, Ste Marthe à Tarascon et Ste Radegonde à Poitiers).
La légende raconte que le Graoully, sorte de gros dragon avec de courtes pattes griffues et de puissantes ailes, qui avait fait des ruines de l'amphithéâtre romain son antre, terrifiait les Messins, et en mangeait chaque jour une douzaine. Les habitants demandèrent, pour se débarrasser du monstre, l'aide de Saint Clément, connu pour ses miracles et nouvellement arrivé dans la région pour l'évangéliser. Saint Clément, d'un signe de croix, maitrisa le Graoully, le mit "en laisse" avec son étole, l'entraîna vers la rivière Seille et lui ordonna de la traverser. Terrorisé le monstre ne revint pas et la ville fut définitivement libérer du dragon.
Une ritournelle populaire chante la légende ainsi :
Il y a bien longtemps,
Je le sais par mère-grand,
Vivait dans notre pays
Un dragon appelé Graoully.
Il dévorait chaque matin
Une douzaine de Messins.
Dieu compatissant
nous envoya Saint Clément.
Celui-ci prit son étole,
Il en fit un bon licol.
Puis la bête il emmena
Et dans la Seille, il la noya !
A la cathédrale vous la verrez
Car elle y est, bien empaillée.
Allez la voir. Ne craignez rien :
Elle est sous la garde du sacristain !
Née au Moyen Age, cette légende légitime la religion chrétienne sur le paganisme : c'est la victoire du Christ sur le Diable, du Bien sur le Mal. Dès le XIIIème siècle, on commémore ce miracle par une procession de l'effigie du Graoully à travers la ville (une effigie est actuellement conservée dans la crypte de la cathédrale, la tête date du XVIème siècle, le corps a été refait au XIXème siècle : il faut dire que le Graoully était largement malmené par la population lors des processions). De passage à Metz, François Rabelais rappelle ainsi l'évènement dans le
Quart Livre : "
C’estoit une effigie monstrueuse, hydeuse et terrible aux petits
enfants, ayant les yeulx plus grands que le ventre, et la teste plus
grosse que tout le reste du corps, avecques amples, larges et
horrifiques maschoueres, bien endentelées tant au-dessus comme
au-dessoubs, lesquelles, avecques l’engin d’une petite chorde cachée
dedans le baston doré, l’on faisait l’une contre l’aultre terrifiquement
cliqueter, comme à Metz l’on faict du dragon de Sainct Clemens."
Au delà de l'effigie des processions, l'image et le nom du monstre a été largement diffusé à travers les siècles. Aujourd'hui, on le retrouve même dans une boule à neige et des bonbons portent son nom !
Pour compléter vos connaissances sur le Graoully, les bibliothèques-médiathèques de Metz viennent de publier dans la collection Figures de Metz le livret "
Graoully - Le dragon de Metz". N'oubliez pas non plus "
Clémentine et le Graoully" de Lionel Larchevêque aux éditions Le thé aux histoire : un conte pour enfant inspiré de la légende suivi d'un dossier pédagogique sur le monstre messin.
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Crypte de la cathédrale |
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Portail Nord de la cathédrale |
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Portail de la Vierge - Cathédrale |
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Portail de la Vierge - Cathédrale |
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Détail retable - Cathédrale |
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Vitrail XVIIIème s. - Cathédrale |
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Rue Taison |
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Rue Taison |
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Gare |
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Gare |
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ENIM - Œuvre de Jean-No et Johu Thiam |
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ENIM - Œuvre de Jean-No et Johu Thiam |
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Peinture murale rue Lothaire |