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vendredi 25 janvier 2019

Le château d'Angers

Quand nous pensons aux Châteaux de la Loire, nous ne pensons pas immédiatement à celui d'Angers. Sans doute, car il ne se situe pas comme les plus connus entre Tours et Orléans. Sans doute également car sa silhouette résolument médiévale ne s'apparente en rien aux célèbres châteaux renaissance, comme le sont Chambord, Amboise ou Chenonceau, et dont le style est associé à l'idée que l'on se fait des Châteaux de la Loire. Et pourtant ce château royal, fait bien partie intégrante des 22 sites majeurs des paysages du Val de Loire inscrits au Patrimoine Mondial de l’Unesco. 

Sur son promontoire rocheux dominant la Maine, le château d'Angers déploie son imposante silhouette du XIIIème siècle que l'on doit à Louis IX et sa mère Blanche de Castille. Construit sur les restes de la ville antique fortifiée d'Andecavis, elle-même s'appuyant sur les fondations d'un oppidum gaulois et d'une tombe néolithique, le premier château des Comtes d'Anjou s'installe sur l'éperon rocheux au milieu du IXème siècle pour faire face aux menaces viking et bretonne. Il s'étoffe en même temps que le comté tout au long des XIème et XIIème siècles. Mais c'est au XIIIème siècle, alors que l'Anjou est repris aux Anglais par le royaume de France, que le château d'Angers est transformé en véritable forteresse imprenable pour les Bretons et les Poitevins partisans du roi d'Angleterre. Les 17 tours fortifiées du XIIIème servent alors d'écrin surpuissant au palais du Duc Louis Ier d'Anjou et de ses successeurs en particulier le roi René. L'enceinte est encore renforcée au début du XVIème siècle, mais dès 1583, le roi Henri III exige l'arasement des courtines et des tours. Prison, puis établissement militaire, le château est enfin restauré et accueille aujourd'hui la tenture de l'Apocalypse et est un des fleurons du tourisme angevin.

Château vu de la Maine
Château vu de l'intérieur - Châtelet, chapelle, tour du Moulin, enceinte et jardins

C'est  d'abord son enceinte qui s'impose à nous. Avec ses 17 tours rondes talutées de 13 à 15 mètres de diamètre, espacées l'une de l'autre d'une quinzaine de mètres, le château d'Angers n'a pas son pareil et garde encore une impression de puissance, malgré l'absence de l'étage supérieur des tours. Seule la tour du moulin, qui servait de support au moulin à vent du château, a gardé sa hauteur originelle d'environ 30 m.

Enceinte Nord Est - Tour du Moulin au fond

Enceinte Sud Est

Enceinte Sud

Enceinte Nord Est et son fossé

L'enceinte est percée de deux portes : la porte des Champs et la porte de la Ville. La porte des Champs en pierre calcaire sur les deux tiers de sa hauteur puis en appareil alterné  de schiste et de calcaire est particulièrement impressionnante. La porte charretière apparaît bien petite entre ses deux imposantes tours garnies de meurtrières puis plus tard de bouches à feu.

Porte des Champs

Porte des Champs et enceinte sud

La porte de la Ville, entrée actuelle du château, présente comme la porte des Champs, un système défensif élaboré, avec pont levis, double herse et assommoir.

Porte de la Ville

En pénétrant dans la cour du château, outre les jardins, on remarque d'emblée la chapelle Saint-Jean-Baptiste, construite fin XIVème début XVème siècle. On y pénètre par un portail gothique auquel il manque les statues l'encadrant, pour découvrir une simple nef à trois travées couvertes de voûtes d'ogives angevine, éclairées de grandes baies gothiques à remplage. Dans le mur sud est, on remarque les ouvertures vers l'oratoire privé du Duc qui conserve les traces de peinture rouge.

Portail d'entrée de la chapelle St Jean-Baptiste

Nef et sa voûte angevine

Oratoire privé du Duc

A droite de la chapelle, le logis royal se déploie sur 3 niveaux. Le roi René le fait construire entre la chapelle et la grande aile d'apparat. La façade nord présente de belles fenêtres à meneaux entre les contreforts éclairant des galeries voutées desservant les appartements.

Façade nord du logis royal et chapelle St Jean-Baptiste

En contournant la chapelle, on découvre alors le châtelet édifié lui aussi par le roi René en 1450. Sur deux étages, ce logis présente deux façades différentes : échauguettes à l'extérieur et tourelle d'escalier côté cour intérieure. Son aspect défensif n'est que symbolique.

Châtelet côté extérieure

Châtelet côté cour seigneuriale

En passant le châtelet, on atteint alors la cour seigneuriale.avec au fond les vestiges de la Grande Salle comtale, élément essentiel du Palais, ayant mesuré jusqu'à 40 m. de long.
 
Cour seigneuriale et vestiges de la Grande Salle Comtale
Cour Seigneuriale - Logis royal, chapelle St Jean-Baptiste et Châtelet

En 1950, on décide de construire deux ailes modernes, s'appuyant sur les vestiges du palais seigneurial, mais ne dénaturant pas le site, pour abriter la tenture de l'Apocalypse. Commandée par Louis Ier d'Anjou, cette œuvre médiévale majeure est exposée dans la cathédrale d'Angers après que le roi René l'aie cédée et ce jusqu'au XVIIIème siècle. Elle est restaurée entre 1848 et 1870, réintègre la cathédrale avant que la galerie de l'Apocalypse ne puisse l'accueillir dans les conditions optimales.
La tenture est à l'origine une tapisserie de 6 m de haut et 140 m de long (4,50m x 103m aujourd'hui). Elle se divise en 6 pièces comportant chacune 2 registres de 7 scènes, et représentant les visions de l'Apôtre St Jean décrites dans le Nouveau Testament sous le nom d'Apocalypse.







Quelle que soit notre provenance, quand on vient à Angers, on finit toujours par arriver au pied du château. Ne restez pas au pied, entrez et prenez le temps de découvrir ce château et le joyau qu'il abrite.

vendredi 4 mars 2016

Verdun

Depuis 100 ans, le nom de Verdun est associé à l'une des batailles les plus meurtrières de l'Histoire, qui fit plus de 300 000 morts en 10 mois. Mais outre les souvenirs de cette guerre, la ville de Verdun garde un patrimoine historique important malgré les pertes majeures liées aux différents conflits, que quiconque venant commémorer cette année le centenaire de cette bataille ne devrait ignorer.

De l'enceinte médiévale au système défensif Séré de Rivières

Un rempart est édifié dès l'époque romaine au IIIème siècle, sans pour autant contenir les invasions et destructions du début du Vème siècle.
De l'enceinte médiévale, il ne reste que deux portes. La porte Chatel en ville haute est édifiée au XIIème siècle. Elle se compose d'une arcade en plein cintre surmontée de mâchicoulis rajoutés au XIVème. La tour Chaussée, dite aussi porte Chaussée est la plus importante et la plus emblématique. A l'entrée de la ville basse, au bord de la Meuse, cet ouvrage massif est édifié en 1380 et est composé de deux tours crénelées entourant une porte munie d'une herse précédée d'un pont levis. La porte est surmontée d'un fronton triangulaire ajouté en 1690, puis est transformée en prison militaire royale dès le milieu du 18ème s.

Porte Chatel

Porte Chatel

Porte Chaussée

Détail Porte Chaussée

Suite au rattachement  de la cité au royaume de France en 1552, rattachement entériné par le traité de Münster en 1648, et la position de la ville aux confins du royaume, les fortifications de la ville sont renforcées sur la décision d'Henri II puis par Vauban. La Citadelle forte de ses 7 bastions est érigée entre 1601 et 1631. En 1698, l'ensemble de la cité est entourée de fortifications, dont un système de ponts écluses pouvant provoquer volontairement une inondation, mais Vauban la considère encore vulnérable et conçoit de nouveaux plans qui ne seront jamais réalisés. Verdun devient alors une ville de garnison.


Pont-écluse St Amand



Après la guerre de 1870 et l'annexion de l'Alsace-Moselle, Verdun est aux portes de l'ennemi prussien. Dès 1873, le général Séré de Rivières imagine une double ligne fortifiée face à la Prusse et dont Verdun est l'un des points d'ancrage. La ville sera alors défendue par dix-neuf forts dont ceux de  Douaumont et de Vaux, points stratégiques de la bataille de Verdun en 1916.

Tour du Champ XIVème s.

Porte St Paul (1877)

Le patrimoine religieux

Dominant la ville, la cathédrale est incontournable. Elle est érigée autour de l'an mil, et présente alors un plan ottonien soit 2 chœurs, 2 transepts et 2 cryptes. Elle mesure 100 m de long, 42 m de large et 20 m de haut. Elle est largement modifiée au milieu du XIIème siècle (nouveau chœur et nouvelle crypte), puis à la fin de XIVème siècle (voûtes d'ogives et chapelle latérale). Au XVIIIème siècle, après un incendie, l'architecture médiévale est masquée par un décor baroque. La cathédrale est fortement endommagée par les bombardements allemands en 1916 ; elle est restaurée après guerre, à l'image de ce qu'elle était au XIVème.

La Cathédrale dominant la ville

Chevet de la cathédrale

Façade Nord de la cathédrale


Façade Sud et tours vues du cloître
Nef centrale

Fresques de la crypte

Fresques de la crypte

Crypte de la cathédrale

Chapiteau sculpté et polychrome

Jouxtant la cathédrale, le cloître  reconstruit au XVIème siècle, se compose de 3 galeries  de style gothique flamboyant. Il subit lui aussi de gros dégâts en 1916 et est restauré après guerre pour retrouver son faste d'antan.

Aile Sud du Cloître




Outre la cathédrale, il reste dans la ville des vestiges de l'abbaye Saint Vanne du XIIème siècle, mais malheureusement à l'intérieur d'un terrain militaire au-dessus de la citadelle et donc non-visible. Rue St Sauveur, on passe devant la chapelle Sainte Catherine du XIVème siècle, avec ses gargouilles, son portail et ses 3 baies gothiques. Plus récente (1ère moitié du XVIIIème siècle), la chapelle Saint Nicolas impose son architecture classique. Chapelle jésuite attenante au collège Buvignier, sa façade garde (malgré sa restauration) les stigmates de la Grande Guerre. A quelques pas, le tribunal et la sous-préfecture occupe l'ancienne abbaye Saint Paul, de l'ordre des Prémontrés.


Chapelle Sainte Catherine

Chapelle Sainte Catherine

Chapelle St Nicolas

Ancienne abbaye des Prémontrés - Abbaye St Paul

Le patrimoine civil

L'Hôtel de ville est un hôtel particulier de 1623, présentant un bâtiment en U de style Louis XIII. Il est acquis par la ville une centaine d'année plus tard.  Il présente un décor très riche : agrafes de fenêtre décorées de têtes différentes, guirlandes entre chaque fenêtre du premier étage et campanile.

Hôtel de ville


La "Princerie" est un hôtel particulier du début XVIème siècle, de style Renaissance, construit par les frères De Musson, chanoines de la cathédrale pour afficher leur puissance. Il accueille aujourd'hui un musée d'histoire du pays verdunois, malheureusement fermé du 1er novembre au 1er avril, et donc lors de mon passage.

Musée de la Princerie côté rue

Musée de la Princerie côté jardin


Le palais épiscopal est sans doute le bâtiment le plus imposant de Verdun. Il est érigé au début du XVIIIème siècle et symbolise le pouvoir de l'évêque. Les travaux perdurent jusqu'à la Révolution. L'évêque reprend possession des lieux de 1823 à 1905, puis de 1935 à 1993. Il a comme nombre d'immeubles à Verdun, souffert de la première Guerre Mondiale. Restauré de 1920 (date à laquelle il est classé monument historique) et 1935, il accueille depuis 1993 le Centre Mondial de la Paix.

Le palais épiscopal dominant la vallée de la Meuse


Par ci, par là on trouve dans Verdun des traces d'architectures passées, qui ont miraculeusement résisté aux différents conflits et à la bataille qui rend la ville si célèbre. Il est malheureusement assez difficile d'étudier le patrimoine historique de Verdun tant 1916 et la Grande Guerre occulte le reste, mais j'ai essayé de vous restituer ici, ce que j'ai pu découvrir. J'ai volontairement mis de côté la période de la première Guerre Mondiale, mais il est évident pour moi, que tout à Verdun rappelle ce conflit et qu'il est indissociable de la ville et de sa région. Cependant, les sites de la bataille de Verdun méritent à eux seuls un billet, que je ne manquerai pas d'écrire dès que j'aurai découvert toutes les nouveautés du centenaire.

Porte et niche gothique sauvegardées

Portail ancien
Monument à la victoire