dimanche 22 octobre 2017

La Chartreuse de Champmol : Puits de Moïse et portail de l'église - Dijon

La Chartreuse de Champmol

A l'ouest de Dijon, le Duc de Bourgogne, Philippe le Hardi, fonde la chartreuse de Champmol en y installant deux cellules de 12 moines chartreux et décide de s'y faire enterré. Il dépense une fortune dans sa construction et sa décoration : ainsi de 1380 à 1410, le chantier accueillera les plus grands artisans et artistes d'Europe Occidentale. Ses successeurs, Jean sans Peur et Philippe le Bon, continuent à enrichir la Chartreuse avec de nouvelles œuvres d'art.
Le couvent est nationalisé en 1790, puis vendu : l'église est détruite et les œuvres sont dispersées (mouvement qui avait été entamé dès le XVIème siècle), même si quelques unes sont sauvegardées pour leur valeur patrimoniale. Au XIXème siècle, est construit un nouvel hôpital intégrant les vestiges de l'ancienne chartreuse et en particulier le puits de Moïse et le portail de l'église.

Le Puits de Moïse

Ce nom est bien mal approprié puisqu'il s'agit en fait, d'un calvaire érigé au milieu d'un bassin et situé au centre du grand cloître de la Chartreuse. De cette œuvre de Claus Sluter, artiste hollandais dirigeant l'atelier ducal dès 1389, il ne reste que le piédestal : le Christ en croix entouré de la Vierge Marie, St Jean et Marie-Madeleine a été détruit à la fin du XVIIIème siècle.
Le piédestal hexagonal du calvaire présente dans des niches trilobées et sur des consoles à décor végétal six prophètes de l'Ancien Testament : Moïse, Isaïe, Daniel, Zacharie, Jérémie et David. Chacun des prophètes est identifié par une inscription peinte sous ses pieds et tient un phylactère extrait de ses écrits en lien avec la crucifixion le surplombant. Des colonnettes à chapiteaux feuillus aux angles soutiennent des anges éplorés aux ailes déployées tous différents.
L’œuvre est  singulière par son réalisme : les expressions des visages, les détails de l'anatomie et des vêtements, le mouvement, la profondeur, le tout accentué par la polychromie.

Structure abritant le Puits de Moïse

Puits de Moïse

Puits de Moïse

Puits de Moïse

David

David

Moïse

Moïse

Isaïe

Isaïe

Daniel

Daniel

Zacharie

Zacharie

Jérémie

Corniche et les anges

Ange entre Zacharie et Daniel

Ange entre Jérémie et Zacharie

Anges

Phylactère d'Isaïe

Détail des pieds de Jérémie

Réplique du calvaire complet


Le portail de l'église

De l'église du XIVème siècle, il ne reste que le portail, intégré à la chapelle de l'hôpital psychiatrique et protégé par un narthex. Le projet initié par Jean de Marville est modifié par Claus Sluter. Il s'agit d'un grand arc brisé à 4 voussures. Le tympan est simplement décoré de deux arcs trilobés. Cinq statues (deux de chaque côté et une au trumeau) logées sur des consoles et sous des dais viennent parfaire le décor du portail. A gauche est représenté le duc Philippe le Hardi devancé de St Jean-Baptiste, à droite son épouse Marguerite de Flandre précédée de Ste Catherine. Les personnages expriment une grande dévotion pour la Vierge représentée au centre du portail. Tout comme le Puits de Moïse, les personnages reflètent un profond réalisme, bien qu'ici la polychromie ne vienne pas servir l’œuvre du sculpteur.

Portail de l'église

Portail de l'église

Philippe le Hardi introduit par St Jean-Baptiste

St Jean Baptiste

Marguerite de Flandre introduite par Ste Catherine

Vierge à l'enfant au trumeau


Outre ces deux œuvres majeures, on trouve parmi les vestiges médiévaux de la chartreuse, encore dans l'enceinte de l'hôpital, le Puits de Jacob ornant le petit cloître de la chartreuse et la tourelle d'escalier de l'église desservant l'oratoire ducal. Mais de nombreux éléments se retrouvent disséminés ici et là. A Dijon, la majeure partie est exposée au musée des Beaux-Arts et plus particulièrement les tombeaux des Ducs de Bourgogne et les retables de Jacques de Baerze et Melchior Broederlam, qui feront l'objet d'un autre article.

Tourelle d'escalier de l'oratoire ducale