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mercredi 15 avril 2015

Les vitraux de la cathédrale de Metz

Avec ses 6500 m² de vitraux, ses deux verrières de 424 m² (les plus grandes verrières gothiques), la cathédrale de Metz a bien mérité son surnom de "Lanterne du Bon Dieu". Étant donné cette grande surface, tout l'intérêt pour le visiteur de la cathédrale réside dans le fait de pouvoir balayer l'évolution de l'art du vitrail du XIIIème au XXème siècle.

La plus vieille verrière de la cathédrale est typique du XIIIème s. : à dominante bleu (comme ceux de Chartres), rouge et vert. Elle représente des scènes de la vie de Saint Paul et n'a été installé à cet endroit qu'au XVIIIème s. après la destruction de l'ensemble cathédral et de l'église Saint Paul qui l'abritait. Cinq autres médaillons du XIIIème s., dans la dernière travée de chaque bas côté, représentent le donateur, l'Annonciation, Saint Paul et Saint Étienne, la lapidation de Saint Étienne et le martyre de Saint Barthélémy. Une autre rose du XIIIème s. provenant du chœur de Notre-Dame-La-Ronde représente le couronnement de la Vierge entourée d'anges dans les médaillons.

La vie de St Paul

St Paul et St Etienne - La lapidation de St Etienne - Le martyre de St Barthelemy

Le couronnement de la Vierge

Le XIVème siècle est représenté par la grande verrière de la façade Ouest d'Hermann de Munster, inhumé au pied de son œuvre. Cette verrière est marquée par une couleur dominante blanche : le verre est teinté dans la masse et non plus peint (cette technique permet d'alléger les coûts). Le décor est gothique : un petit personnage figé sur un fond foncé au milieu d'une structure architecturée de style gothique flamboyant tout en longueur. La grande rose présentant rois, patriarches, prophètes et apôtres est surmontée d'une crucifixion de près de 2 m encadrée par la Vierge et St Jean. Au XVIIIème s. le percement du portail Blondel sur la façade Est ampute la verrière d'un registre : elle faisait jusqu'alors partie des plus grandes verrières du Monde.


La verrière d'Hermann de Munster

La grande rose surmontée de la crucifixion

Le registre inférieur


Le XVème s. est moins visible : 3 baies des fenêtres hautes et quelques vitraux dans le transept nord.
Les deux verrières du transept de 424 m² sont du XVIème s. : 17 ans d'écart mais tellement de différences. La verrière de Théobald de Lixheim au Nord  de 1504 est ancrée dans le style gothique, très semblable à celle d'Hermann de Munster : personnages figé dans un décor architecturé élancé. Lui fait face la verrière de Valentin Bousch de 1521 déjà tournée vers la Renaissance : des personnages évoluant deux par deux dans une architecture italienne, un début de perspective, des couleurs plus vives et claires. Valentin Bousch date et signe son œuvre et représente les donateurs, soit le chanoine Otto Savin, doyen du chapitre et son neveu Evrard Marlier.
Les vitraux du chœur sont également de Valentin Bousch et ses élèves. Il ont été offert par la famille des Ducs de Lorraine, alors que Jean IV de Lorraine était évêque de Metz et bien que Metz n'ait jamais fait partie du Duché de Lorraine.
De nombreux vitraux du déambulatoire sont également du XVIème s. et de l'atelier de Valentin Bousch, même si certains n'ont été installé qu'à la fin du XIXème et proviennent de l'église Ste Barbe. Comme sur la grande verrière, y figurent les donateurs et leur famille en particulier la famille Baudoche.

Théobald de Lixheim

Transept Sud - Valentin Bousch

Détail de la verrière de Valentin Bousch

Détail de la verrière de V. Bousch

Vitraux du chœur

Vitraux du chœur

Déambulatoire - Vitrail provenant de l'église Ste Barbe



Le XIXème siècle est partagé entre les verrières de Laurent-Charles Maréchal, artiste messin très prolifique, chef de fil de l'Ecole de Metz et les verrières de l'Annexion, principalement de Mayer de Munich.

Mayer de Munich

Saint Arnould - Mayer de Munich


Le XXème siècle est sans aucun doute le plus connu avec des artistes de renom comme Chagall. A partir des années 50, l'architecte en chef des Monuments Historiques Robert Renard lance un vaste programme de commandes de vitraux à des artistes contemporains pour remplacer des verrières abimées par le temps ou les conflits.
Le programme commence discrètement avec les fenêtres hautes de Jean Gaudin et son père Pierre de 1954 à 1958. Côté Nord, les saintes vénérées dans le Pays Messin et côté Sud les saints. J'aime particulièrement ces vitraux qui me rappellent les vitraux gothiques : un personnage figé dans un décor tout en longueur.
En 1957 sont installés les vitraux de Jacques Villon, frère de Marcel Duchamp, dans la chapelle du Saint-Sacrement, en remplacement de vitraux de Maréchal abimés en 1944. Villon représente de gauche à droite l'Agneau Pascal, la Cène, la Crucifixion, le miracle des noces de Cana et la scène du Rocher d'Horeb.
En 1960, deux vitraux abstraits de Roger Bissière sont installés face à face : comptant 422 pièces au m², le vitrail aux couleurs froides est installé au Nord et celui aux couleurs chaudes est installé au Sud.
Marc Chagall signe 3 baies installées entre 61 et 65. la verrière du transept représente la création d'Adam, le création d'Eve, le Péché originel, Adam et Eve chassés du Paradis. Dans le déambulatoire, sont représentés le Sacrifice d'Abraham, la Lutte de Jacob avec l'ange, le Songe de Jacob, Moïse et le buisson ardent, Moïse recevant les tables de la loi, David jouant de la lyre à Bethsabée, Jérémie et l'exil du peuple juif. En 68 et 70 il réalise les verrières du triforium du transept Nord : compositions florales.

Gaudin père et fils

Gaudin père et fils

Gaudin père et fils

Roger Bissière

Roger Bissière

Jacques Villon


Les Noces de Cana - Jacques Villon

La Cène - Jacques Villon

Marc Chagall

Marc Chagall

Marc Chagall






mardi 17 février 2015

Le Graoully - Metz

Ni architectural, ni naturel, le Graoully fait pourtant, sans conteste, partie du patrimoine messin. Il est représenté partout dans la ville, sur la gare, la cathédrale bien sûr et jusque sur le blason du FC Metz aux cotés de la croix de Lorraine. Il tend à être un symbole de la ville : aucun Messin n'ignore la légende du Graoully.

A l'instar de la Tarasque à Tarascon ou de la Grand'Goule à Poitiers, le Graoully est une bête légendaire qui terrorisait la population locale et fut maîtrisée et chassée par un religieux devenu depuis Saint (St Clément à Metz, Ste Marthe à Tarascon et Ste Radegonde à Poitiers).

La légende raconte que le Graoully, sorte de gros dragon avec de courtes pattes griffues et de puissantes ailes, qui avait fait des ruines de l'amphithéâtre romain son antre, terrifiait les Messins, et en mangeait chaque jour une douzaine. Les habitants demandèrent, pour se débarrasser du monstre, l'aide de Saint Clément, connu pour ses miracles et nouvellement arrivé dans la région pour l'évangéliser. Saint Clément, d'un signe de croix, maitrisa le Graoully, le mit "en laisse" avec son étole, l'entraîna vers la rivière Seille et lui ordonna de la traverser. Terrorisé le monstre ne revint pas et la ville fut définitivement libérer du dragon.

Une ritournelle populaire chante la légende ainsi :
Il y a bien longtemps,
Je le sais par mère-grand,
Vivait dans notre pays
Un dragon appelé Graoully.
Il dévorait chaque matin
Une douzaine de Messins.
Dieu compatissant
nous envoya Saint Clément.
Celui-ci prit son étole,
Il en fit un bon licol.
Puis la bête il emmena
Et dans la Seille, il la noya !
A la cathédrale vous la verrez
Car elle y est, bien empaillée.
Allez la voir. Ne craignez rien : 
Elle est sous la garde du sacristain !

Née au Moyen Age, cette légende légitime la religion chrétienne sur le paganisme : c'est la victoire du Christ sur le Diable, du Bien sur le Mal. Dès le XIIIème siècle, on commémore ce miracle par une procession de l'effigie du Graoully à travers la ville (une effigie est actuellement conservée dans la crypte de la cathédrale, la tête date du XVIème siècle, le corps a été refait au XIXème siècle : il faut dire que le Graoully était largement malmené par la population lors des processions). De passage à Metz, François Rabelais rappelle ainsi l'évènement dans le Quart Livre : "C’estoit une effigie monstrueuse, hydeuse et terrible aux petits enfants, ayant les yeulx plus grands que le ventre, et la teste plus grosse que tout le reste du corps, avecques amples, larges et horrifiques maschoueres, bien endentelées tant au-dessus comme au-dessoubs, lesquelles, avecques l’engin d’une petite chorde cachée dedans le baston doré, l’on faisait l’une contre l’aultre terrifiquement cliqueter, comme à Metz l’on faict du dragon de Sainct Clemens."

Au delà de l'effigie des processions, l'image et le nom du monstre a été largement diffusé à travers les siècles. Aujourd'hui, on le retrouve même dans une boule à neige et des bonbons portent son nom !


Pour compléter vos connaissances sur le Graoully, les bibliothèques-médiathèques de Metz viennent de publier dans la collection Figures de Metz le livret "Graoully - Le dragon de Metz". N'oubliez pas non plus "Clémentine et le Graoully" de Lionel Larchevêque aux éditions Le thé aux histoire : un conte pour enfant inspiré de la légende suivi d'un dossier pédagogique sur le monstre messin.

Crypte de la cathédrale

Portail Nord de la cathédrale

Portail de la Vierge - Cathédrale
Portail de la Vierge - Cathédrale

Détail retable - Cathédrale

Vitrail XVIIIème s. - Cathédrale

Rue Taison

Rue Taison

Gare

Gare

ENIM - Œuvre de Jean-No et Johu Thiam

ENIM - Œuvre de Jean-No et Johu Thiam

Peinture murale rue Lothaire


dimanche 1 février 2015

Le Temple Neuf - Metz - Monuments historiques

Le Temple Neuf, édifié entre 1901 et 1904 et classé dès janvier 1930, est un monument emblématique de Metz : emblématique d'une époque et emblématique des amateurs de photos nocturnes. Ce n'était pourtant pas gagné d'avance ! En effet, les Messins ont largement protesté contre le projet, qui tranche vraiment avec l'architecture classique de l'opéra-théâtre attenant et qui se situe sur le "jardin d'amour" alors occupé par des marronniers centenaires.

Construit lors de l'Annexion allemande (1870-1918), le Temple Neuf doit faire face à l'arrivée massive de nouveaux Messins d'origine allemande et de confession protestante. Un premier temple a été construit en 1881 tout près à destination des hommes de garnison, mais ouvert aux civils. Une église luthérienne naît dès 1893, rue Mazelle, alors que Montigny-les-Metz se dote d'un temple en décembre 1894. D'autres suivront dans l'agglomération messine : le temple de Queuleu en 1904 et le temple de Longeville en 1908. L'idée d'un nouveau temple date de 1872 mais ne devient réel qu'en 1886 lorsque les autorités présentent un cahier des charges bien précis : situation centrale dans la ville, style typiquement allemand et architecture laissant apparaître la vocation protestante du lieu.

Le projet de Conrad Wahn, architecte de la ville, s'inspire largement des cathédrale de Spire et de Mayence. D'abord prévu en grès rose, on opte finalement pour du grès gris des Vosges  et un soubassement en basalte noir, mais pas de pierre de Jaumont, comme l'auraient voulu les autorités messines. Cette pierre grise accentue le décalage stylistique avec l'opéra-théâtre et le reste de la ville "française". La façade austère est encadrée de deux hautes tours carrées. Le portail central décoré de feuillages accueille en un médaillon l'agneau mystique, symbolisant le Vendredi Saint jour de la crucifixion (fête la plus importante du calendrier liturgique protestant). De part et d'autre des arcatures centrales sont sculptées les symboles des quatre évangélistes (le lion représentant Marc arbore une moustache impériale !). C'est le sculpteur messin Timoléon Guérin qui se charge des 200 m. de moulures et des 890 pièces sculptées. Le temple est pourvu de nombreuses galeries bordées d'arcades à colonnes de grès rose purement décoratives. Le choeur est fermé par une abside semi-circulaire et est dominée par la tour octogonale de la croisée du transept (tour lanterne). L'intérieur, comme l'exige la tradition réformée, est très sobre.


Le site, à la pointe de l'île du Petit Saulcy formée entre deux bras de la Moselle, fait beaucoup dans le charme du monument, et sa tour lanterne porte d'autant mieux son nom de nuit.

Le Temple de Garnison - 1881

Eglise Luthérienne - 1893

Temple de Queuleu - 1904

Temple Neuf et Théâtre classique

Façade


Portail central

Choeur et tour lanterne


Au bout de l'île...


Immergeant de la verdure

Au crépuscule

Classique vue de nuit




Temple Neuf et Cathédrale