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mercredi 1 mars 2017

Abbaye Saint-Pierre de Maillezais

Au cœur de la Venise Verte, sur une île surplombant le marais, se dressent les ruines imposantes de l'abbaye Saint- Pierre de Maillezais, comme pour rappeler que les moines sont à l'origine du paysage qui les entoure.

L'abbatiale surgissant du marais

L'abbaye vue du marais

L'abbaye doit son existence au transfert sur le site, autour de l'an mil, du monastère Saint-Pierre fondé dans le bourg voisin de St-Pierre-le-Vieux, par la duchesse Emma d'Aquitaine à la suite d'une partie de chasse . Dès lors, l'abbaye devient un lieu majeur du duché, devenant le panthéon des ducs et suscitant les convoitises, en particulier celles de Geoffroy de Lusignan.
Au début du XIIIème siècle, les moines de Maillezais, de Nieul-sur-l'Autize, de Saint-Michel-en-l'Herm, de l'Absie et de Saint-Maixent se voient confier un large territoire qu'ils vont aménager : le golfe des Pictons. En 1317, le pape Jean XXII scinde l'évêché en trois, Maillezais devient alors cité épiscopale et l'abbatiale cathédrale. Elle connaît alors une histoire glorieuse jusqu'aux Guerres de Religion, accueillant même un certain François Rabelais. Au XVIIème siècle, le siège épiscopal est transféré à la Rochelle, Maillezais est alors abandonnée, puis vendue comme bien national à la Révolution, elle devient carrière de pierre. Elle est sauvée par des érudits au XIXème siècle, et  depuis la fin des années 90, le conseil départemental de Vendée gère le site et poursuit sa restauration.

L'abbaye est entourée d'un haut mur fortifié renforcé par un profond fossé. Au sud-est se trouve également un éperon surmonté d'une échauguette du XIVème s. contribuant à la protection du domaine.

Éperon et son échauguette


Une fois franchi ce mur, c'est l'hostellerie du XIVème s. qui nous accueille. Ce haut bâtiment, à l'origine couvert d'ardoises, comprend une réserve semi-enterrée, dite "cachot de Rabelais", un réfectoire au premier étage avec des ouvertures rectangulaires et enfin le dortoir des hôtes au second étage avec ces ouvertures gothiques en arc brisé à trois lancettes surmontées d'un oculi à six lobes.


Façade sud de l'aile des hôtes
 

Perpendiculairement à ce bâtiment, se trouve l'aile des convers avec la cuisine et le réfectoire aux baies gothiques et le dortoir aux ouvertures rectangulaires. Aux rez-de-chaussée, se trouve la "cave à sel" dont les petites fenêtres ont été percées au XVIème s. De larges contreforts, parfois enveloppant des conduits de cheminées, soutiennent le haut mur. A l'extrémité ouest de cette aile se dressent les vestiges de la forteresse du Xème siècle, élevée ici par le duc Guillaume Fier-à-Bras avant la fondation du monastère.

Hôtellerie vue de l'intérieur

Aile des hôtes (à droite) et aile des convers
Façade sud de l'aile des convers

Cave à sel

Baie du réfectoire des convers

Vestiges de la porte fortifiée du Xème s.


Au nord-ouest du domaine, les ruines de l'abbatiale-cathédrale sont impressionnantes. Seuls le mur nord de la nef et du transept et le mur ouest sont encore debout. La façade ouest, entrée d'origine, est murée depuis le XIVème siècle. Au Nord, reste le mur imposant du bas-côté avec ses étroites ouvertures du XIème siècle et ses contreforts du XIVème siècle, puis l'imposante façade du transept nord avec ses deux baies gothiques, dont l'une conserve ses trois rosaces trilobées. A gauche, d'étroites ouvertures marquent une tour d'escalier accédant aux clochers. On pénètre dans la cathédrale par la "porte de l'abbé".

Façade ouest de l'abbatiale, murée et fortifiée

Mur extérieur bas-côté nord

Transept nord

Baies majestueuses du transept nord et tourelle d'escalier

Détail baie transept nord


"A l'intérieur", on découvre l'ampleur de l'abbatiale avec sa nef à 7 travées et ses deux niveaux. Les travées du bas côté nord sont séparées par des colonnes engagées à chapiteaux historiés ou corinthiens. On aperçoit également des traces de la voûte de bas-côté. L'accès à la chapelle haute et la matérialisation des chœurs, nous laissent imaginer la grandeur passée du monument, et nous offre une vue sur le domaine : le cloître disparu et sa salle capitulaire, son scriptorium, son réfectoire, son jardin et son puits ; l'aile des hôtes et l'aile des convers.

Baies du transept nord et coursière

Porte d'accès à la tourelle d'escalier

Élévation du bas-côté nord vue de la chapelle haute

Chapiteau corinthien

Chapiteau historié

Chapiteau historié

Matérialisation des chœurs

Vestiges du cloître vus de la chapelle haute


L'abbaye de Maillezais est un incontournable du Marais Poitevin. Sa visite est enrichissante. Sa mise en valeur architecturale est renforcée l'été par la mise en place de spectacles historiques ludiques et instructifs.


L'abbatiale vue de l'intérieur




vendredi 10 février 2017

La Venise Verte - Marais Poitevin

Patrimoine naturel ? Le terme est presque inapproprié. En effet, ce paysage a été façonné et est toujours entretenu par l'homme. Cependant, la nature est dominante et la volonté des autorités de préserver l'écosystème permet, à nouveau en 2014 (précédemment de 1979 à 1996), l'obtention de la labellisation de Parc Naturel Régional.

Le Marais Poitevin s'étend sur 107 594 ha, ce qui en fait une des plus grandes zones humides d'Europe. L'ancien Golfe des Pictons est aménagé dès le XIème siècle par les abbayes pour gagner des terres arables en maitrisant les crues. Cette aménagement a créé trois zones distinctes : le littoral, influencé par les eaux douces et salées ; le marais desséché protégé des crues et des marées par les digues ; le marais mouillé, réceptacle inondable des eaux des bassins versants. La "Venise Verte", 18500 ha, constituant la partie orientale du marais mouillé, obtient le label Grand Site de France en 2010.

Le marais mouillé, partie la plus connue du marais, se caractérise par des paysages verts : le vert des arbres, des prairies et parfois de l'eau. Il s'agit d'un dédale de canaux bordés d'arbres (en particulier des frênes têtard) dont les racines retiennent la terre des berges. Ces canaux sont d'ailleurs les seuls voies de communication pour atteindre les communaux, grandes prairies inondables vouées au pâturage, les terrées (petites parcelles boisées), les tourbières ou les trou de bri (parcelles argileuses exploitées pour la tuilerie ou la briqueterie). Ces terres et ces eaux abritent nombre d'espèces végétales (renoncule à feuilles ophioglosses, gratiole officinale, fritillaire pintade, frênes, saules...) et animales, dont la loutre et l'anguille sont les emblèmes.

La Venise Verte, c'est un paysage un peu mystérieux qui laisse place aux imaginations les plus débordantes, d'un calme rassurant et ressourçant, et qui laisse parfois apparaître quelques trésors de l'architecture religieuse médiévale (article à venir)... Je vous laisse juger et découvrir par vous-même !














Abbaye de Maillezais

Abbaye de Maillezais

mercredi 2 septembre 2015

Prieuré de Grammont

L'ancienne celle grandmontaine de Chassay-Grammont, située sur la commune de Saint-Prouant en Vendée, est, malgré les différents outrages du temps, un des plus beaux exemples d'architecture de l'ordre de Grandmont qui nous soit parvenu dans l'Ouest de la France.

L'ordre de Grandmont est fondé à la fin du XIème siècle autour d’Étienne de Muret, ermite suivi de quelques disciples, qui s'installe près d'Ambazac dans le Limousin. La règle de Grandmont est rédigée vers 1140-1150 par le quatrième prieur, Étienne de Liciac, et est approuvée par le pape en 1156. Les principes majeurs de la règle sont le refus de possession de bétail et de terres sauf dans l'enclos de chaque maison / le refus de toute fonction paroissiale et du service temporel / l'accueil des pauvres et la très grande charité / la présence sur un même pied d'égalité de frères religieux, les clercs, qui se consacrent à la prière et de frères laïcs, les convers, chargés du temporel et des tâches matérielles. La bienveillance des rois de France et d'Angleterre ont permis l'extension de l'ordre en France et plus particulièrement dans tout l'Ouest. On compte 160 maisons à la fin du XIIIème siècle, dont la celle de Chassay-Grammont construite à partir des dernières années du XIIème siècle.

Le monument tel qu'il nous est parvenu aujourd'hui présente un plan régulier autour du cloître disparu, borné par la salle des Hôtes et la cuisine à l'Ouest, le réfectoire au Nord, le cellier et la salle capitulaire à l'Est et la chapelle au Sud.


Vue aérienne Google Earth

Chœur de la chapelle et bâtiment oriental

Vue extérieure salle capitulaire et dortoir

Vue extérieure du réfectoire

Vue extérieure de la salle des hôtes, entrée et chapelle

La salle des hôtes, longue salle attenante à l'entrée de la celle, devait certainement servir de réfectoire pour les visiteurs et les frères convers. On devine dans cette grande salle le départ d'une voûte en berceau couvrant la salle jusqu'en 1951. Un dortoir pour les hôtes se trouvait au dessus de ce réfectoire. Au nord de cette salle, un couloir permet l'accès au cloître et à la cuisine. En dehors d'une niche, d'un grand placard et du passe-plat, il ne reste rien de la monumentale cheminée centrale de la cuisine et de l'accès au puits. Le passe-plat présente une seule ouverture côté cuisine et deux vers le réfectoire.

Salle des hôtes, couloir et entrée de la cuisine


Le cloître est aujourd'hui dépourvu de ses galeries couvertes : seules les corbeaux sur lesquels elles reposaient subsistent. Un escalier sur le mur oriental permet l'accès au dortoir des moines.

Murs sud et ouest du cloître


Au nord, on accède par une porte en plein cintre au réfectoire. Six voûtes d'ogives (restituées à l'identique en 1987 après leur destruction en 1947) reposent sur deux piliers centraux et six colonnes adossées. Une banquette en pierre longe les murs sud et nord. Une niche accueillant le livre du lecteur fait face au passe-plat. La lumière entre par six fenêtres ébrasées.

Réfectoire

Passe-plats côté réfectoire

Réfectoire

Réfectoire

Réfectoire


La salle capitulaire à l'Est est couverte de quatre voûtes d'ogives reposant sur un pilier central et des piliers adossés. Les chapiteaux des piliers sont agrémentés de décors végétaux. La croix grandmontaine est représenté au dessus d'une des deux fenêtres, marquant la place du prieur. Une banquette de pierre court tout autour de cette pièce. Les dimensions restreintes de la salle capitulaire nous laisse penser que la communauté vivant ici était de petite taille.

Salle capitulaire

Salle capitulaire

Salle capitulaire : pilier central et fenêtre ébrasée

Salle capitulaire : fenêtre ébrasée avec croix grandmontaine

Salle capitulaire : décor géométrique

Salle capitulaire : décor végétal


La chapelle à nef unique se termine par un chœur en hémicycle éclairé par trois baies en plein cintre ébrasées. Une unique baie ébrasée apporte la lumière sur la face occidentale. Une voûte d'arêtes à huit quartier couvrait le chœur, alors que la nef était couverte par une voûte en berceau brisé : seuls subsistent les arrachements. La charpente apparente actuelle dont les entraits sont sculptés laisse apparaître la date de 1637, ce qui laisse penser que les destructions majeures (cloître et voûtes de la chapelle) sont dues aux guerres de religion. Comme dans tout le prieuré, un décor de faux appareil ocre-rouge apparaît.

Nef et chœur de la chapelle

Chœur de la chapelle et arrachement de la voûte

Nef de la chapelle et baie occidentale



L'ensemble est sobre et aspire à la contemplation, la méditation, au recueillement. Le Conseil Général de la Vendée qui en est le propriétaire s'attache à faire vivre le lieu en y organisant, outre l'ouverture au public, des concerts dans la chapelle à l’acoustique exceptionnelle, des veillées musicales...