mercredi 2 septembre 2015

Prieuré de Grammont

L'ancienne celle grandmontaine de Chassay-Grammont, située sur la commune de Saint-Prouant en Vendée, est, malgré les différents outrages du temps, un des plus beaux exemples d'architecture de l'ordre de Grandmont qui nous soit parvenu dans l'Ouest de la France.

L'ordre de Grandmont est fondé à la fin du XIème siècle autour d’Étienne de Muret, ermite suivi de quelques disciples, qui s'installe près d'Ambazac dans le Limousin. La règle de Grandmont est rédigée vers 1140-1150 par le quatrième prieur, Étienne de Liciac, et est approuvée par le pape en 1156. Les principes majeurs de la règle sont le refus de possession de bétail et de terres sauf dans l'enclos de chaque maison / le refus de toute fonction paroissiale et du service temporel / l'accueil des pauvres et la très grande charité / la présence sur un même pied d'égalité de frères religieux, les clercs, qui se consacrent à la prière et de frères laïcs, les convers, chargés du temporel et des tâches matérielles. La bienveillance des rois de France et d'Angleterre ont permis l'extension de l'ordre en France et plus particulièrement dans tout l'Ouest. On compte 160 maisons à la fin du XIIIème siècle, dont la celle de Chassay-Grammont construite à partir des dernières années du XIIème siècle.

Le monument tel qu'il nous est parvenu aujourd'hui présente un plan régulier autour du cloître disparu, borné par la salle des Hôtes et la cuisine à l'Ouest, le réfectoire au Nord, le cellier et la salle capitulaire à l'Est et la chapelle au Sud.


Vue aérienne Google Earth

Chœur de la chapelle et bâtiment oriental

Vue extérieure salle capitulaire et dortoir

Vue extérieure du réfectoire

Vue extérieure de la salle des hôtes, entrée et chapelle

La salle des hôtes, longue salle attenante à l'entrée de la celle, devait certainement servir de réfectoire pour les visiteurs et les frères convers. On devine dans cette grande salle le départ d'une voûte en berceau couvrant la salle jusqu'en 1951. Un dortoir pour les hôtes se trouvait au dessus de ce réfectoire. Au nord de cette salle, un couloir permet l'accès au cloître et à la cuisine. En dehors d'une niche, d'un grand placard et du passe-plat, il ne reste rien de la monumentale cheminée centrale de la cuisine et de l'accès au puits. Le passe-plat présente une seule ouverture côté cuisine et deux vers le réfectoire.

Salle des hôtes, couloir et entrée de la cuisine


Le cloître est aujourd'hui dépourvu de ses galeries couvertes : seules les corbeaux sur lesquels elles reposaient subsistent. Un escalier sur le mur oriental permet l'accès au dortoir des moines.

Murs sud et ouest du cloître


Au nord, on accède par une porte en plein cintre au réfectoire. Six voûtes d'ogives (restituées à l'identique en 1987 après leur destruction en 1947) reposent sur deux piliers centraux et six colonnes adossées. Une banquette en pierre longe les murs sud et nord. Une niche accueillant le livre du lecteur fait face au passe-plat. La lumière entre par six fenêtres ébrasées.

Réfectoire

Passe-plats côté réfectoire

Réfectoire

Réfectoire

Réfectoire


La salle capitulaire à l'Est est couverte de quatre voûtes d'ogives reposant sur un pilier central et des piliers adossés. Les chapiteaux des piliers sont agrémentés de décors végétaux. La croix grandmontaine est représenté au dessus d'une des deux fenêtres, marquant la place du prieur. Une banquette de pierre court tout autour de cette pièce. Les dimensions restreintes de la salle capitulaire nous laisse penser que la communauté vivant ici était de petite taille.

Salle capitulaire

Salle capitulaire

Salle capitulaire : pilier central et fenêtre ébrasée

Salle capitulaire : fenêtre ébrasée avec croix grandmontaine

Salle capitulaire : décor géométrique

Salle capitulaire : décor végétal


La chapelle à nef unique se termine par un chœur en hémicycle éclairé par trois baies en plein cintre ébrasées. Une unique baie ébrasée apporte la lumière sur la face occidentale. Une voûte d'arêtes à huit quartier couvrait le chœur, alors que la nef était couverte par une voûte en berceau brisé : seuls subsistent les arrachements. La charpente apparente actuelle dont les entraits sont sculptés laisse apparaître la date de 1637, ce qui laisse penser que les destructions majeures (cloître et voûtes de la chapelle) sont dues aux guerres de religion. Comme dans tout le prieuré, un décor de faux appareil ocre-rouge apparaît.

Nef et chœur de la chapelle

Chœur de la chapelle et arrachement de la voûte

Nef de la chapelle et baie occidentale



L'ensemble est sobre et aspire à la contemplation, la méditation, au recueillement. Le Conseil Général de la Vendée qui en est le propriétaire s'attache à faire vivre le lieu en y organisant, outre l'ouverture au public, des concerts dans la chapelle à l’acoustique exceptionnelle, des veillées musicales...



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