vendredi 25 juillet 2014

Le château des Ducs de la Trémoïlle - Thouars

D'aucuns se souviendrons de ce panneau routier  (hérésie de la sécurité routière) "Touristes, ralentissez et admirez" sur la route Nord-Sud traversant Thouars. Il est vrai que le château des Ducs de la Tremoïlle sur ce promontoire surplombant les méandres du Thouet attire le regard.
Quel touriste peut s'imaginer que ce château du XVIIème siècle abrite aujourd'hui un collège public ? Qu'il fut avant cela un lycée mécanique ? Et même une prison ? Ce sont certainement ces différentes utilisations, aussi surprenantes soient elles, qui ont permis la préservation partielle de ce grand château .

Le site, défense naturelle, abrite une forteresse depuis bien longtemps, mais est mentionné pour la première fois en 762. Le château du XVIIème siècle naît de la volonté d'une femme, Marie de La Tour d'Auvergne, épouse du duc Henri de la Trémoïlle : elle fait construire le pavillon sud contre la forteresse médiévale, moins confortable. L'architecte du roi Jacques Lemercier dessine à sa demande les plans d'un très grand château en grison de Vrines pour les soubassement, tuffeau et ardoise, qui relie le pavillon Sud à la chapelle et qui fera disparaître peu à peu le château du Moyen Age. 
Le château se compose d'un corps de logis encadré de deux pavillons (110 m de long) et précédé d'une cour d'honneur entourée de galeries à arcades. Outre l'architecture extérieure restée quasi intacte, l'intérieur est marquée par un escalier magistral avec une balustrade en marbre (gravée par les différents élèves dont René Monory qui a marqué son passage !), une grande salle magistrale voûtée en sous-sol (ancienne cuisine), une autre salle voûtée blasonnée aux armes des La Trémoïlle et des La Tour d'Auvergne, une grande galerie à l'étage et dans la partie non occupée par le collège (pavillon sud), un magnifique plafond peint à caissons dans le cabinet de Marie de La Tour d'Auvergne. 
Le château est complété d'une orangerie au Sud, puis au début du XVIIIème siècle par des écuries, mais le projet initial est stoppé par la mort du duc en 1709.
Devenu bien national à la Révolution après avoir subi quelques dégradations, l'Etat y installe la sous-préfecture et le tribunal de première instance. Vendu à la ville en 1833, on y installe une caserne puis un premier collège privé. Il est racheté par la famille de La Trémoïlle en 1873 et devient alors une prison jusqu'en 1925. Depuis 1933, il est transformé en établissement scolaire public, aujourd'hui collège Marie de La Tour d'Auvergne, plus communément appelé "le château".

Façade Est

Façade Est

Façade Ouest sur cour

Corps de Logis

Avant-corps central 

Pavillon Sud

Pavillon Nord relié à la Chapelle
Galerie Nord de la Cour

Escalier monumental - Balustrade en marbre


Ancienne cuisine (réfectoire actuelle)

Cheminée monumentale de la cuisine

Blason aux armes des La Tremoïlle et des La Tour d'Auvergne

Un des rares détails sculpté

Galerie du premier étage

Plafond peint à caissons du cabinet de Marie de la Tour d'Auvergne

Plafond peint à caissons du cabinet de Marie de la Tour d'Auvergne

Plafond peint à caissons du cabinet de Marie de la Tour d'Auvergne

Plafond peint à caissons du cabinet de Marie de la Tour d'Auvergne
Ecuries

mercredi 9 juillet 2014

Place Saint-Louis et rue du Change - Metz - Monuments Historiques

Quel plaisir de pouvoir arpenter les pavés de cette place et d'en apprécier son architecture depuis la disparition du parking et en dehors des chalets du marché de Noël, qui pourtant lui donne une atmosphère chaleureuse en plein hiver.
La place Saint-Louis et la rue du Change sont construites à partir du XIIIème siècle en s'appuyant sur les remparts romains devenus inutiles avec l'extension Outre-Seille des remparts médiévaux. Toute l'originalité de cette place réside dans l'architecture des immeubles à arcades (inscrits aux monuments historiques depuis octobre 1929), qui nous rappellent plutôt l'Italie que l'Est de la France. Les arcades irrégulières, entrecoupées de piliers contreforts, les toits en pointe de diamant dissimulés derrière des murs écrans parfois crénelés, confèrent à cette place une atmosphère méridionale dans cette ville septentrionale.
La place est le coeur de l'activité commerciale dés les XIIIème et XIVème siècles et de nombreux commerces et changeurs s'y installent. Ce sont les changeurs (banquiers), bien souvent Lombards, qui influencent l'architecture des immeubles bordant la place. Les commerces sont installés au rez-de-chaussée, les bancs de pierre accueillant les étals en sont le témoins, et les logements des commerçants, aux étages. Si l'aspect général de la place est restée intacte depuis le XIVème siècle, on peut noter sur certains immeubles des évolutions au niveau des ouvertures, il reste parfois de belles ouvertures gothiques trilobées murées. Les balcons, parfois portés par de belles consoles sculptées, sont ajoutés à la Renaissance amplifiant le charme de cette place.
Elle doit son nom à une méprise. D'abord appelée place du Change (la pointe nord a gardé ce nom), elle devient place Saint Louis au XVIIIème siècle, lors de l'installation d'une statue de Louis XIII par le curé de l'église Saint Simplice. Est-ce le curé qui la fit passer pour Saint-Louis ou les habitants s'y méprenant, toujours est-il, qu'une véritable statue de Saint Louis est réalisée par Charles Pêtre en 1867 et installée en lieu et place de l'usurpateur ! L'originale est gardée au Musée de la Cour d'Or, la copie malencontreusement détruite en 2011 est remplacée aussitôt par une statue proche de l'originale.
Autre petit évènement marquant la place : en 1886, à l'occasion d'une réunion électorale, un fonctionnaire municipal dénigre les propos d'un candidat protestataire et se voit recevoir une paire de gifles de la part de M. Maillard, qui se voit alors condamné à payer une amende de 100 marks. En souvenir de cet épisode, il fait apposer une main sur sa façade et appelle alors son commerce "la main dorée". Cette anecdote nous en dit long sur le climat régnant à  Metz durant l'Annexion.






Saint Louis









"La main dorée"

"La main dorée"