Quel plaisir de pouvoir arpenter les pavés de cette place et d'en apprécier son architecture depuis la disparition du parking et en dehors des chalets du marché de Noël, qui pourtant lui donne une atmosphère chaleureuse en plein hiver.
La place Saint-Louis et la rue du Change sont construites à partir du XIIIème siècle en s'appuyant sur les remparts romains devenus inutiles avec l'extension Outre-Seille des remparts médiévaux. Toute l'originalité de cette place réside dans l'architecture des immeubles à arcades (inscrits aux monuments historiques depuis octobre 1929), qui nous rappellent plutôt l'Italie que l'Est de la France. Les arcades irrégulières, entrecoupées de piliers contreforts, les toits en pointe de diamant dissimulés derrière des murs écrans parfois crénelés, confèrent à cette place une atmosphère méridionale dans cette ville septentrionale.
La place est le coeur de l'activité commerciale dés les XIIIème et XIVème siècles et de nombreux commerces et changeurs s'y installent. Ce sont les changeurs (banquiers), bien souvent Lombards, qui influencent l'architecture des immeubles bordant la place. Les commerces sont installés au rez-de-chaussée, les bancs de pierre accueillant les étals en sont le témoins, et les logements des commerçants, aux étages. Si l'aspect général de la place est restée intacte depuis le XIVème siècle, on peut noter sur certains immeubles des évolutions au niveau des ouvertures, il reste parfois de belles ouvertures gothiques trilobées murées. Les balcons, parfois portés par de belles consoles sculptées, sont ajoutés à la Renaissance amplifiant le charme de cette place.
Elle doit son nom à une méprise. D'abord appelée place du Change (la pointe nord a gardé ce nom), elle devient place Saint Louis au XVIIIème siècle, lors de l'installation d'une statue de Louis XIII par le curé de l'église Saint Simplice. Est-ce le curé qui la fit passer pour Saint-Louis ou les habitants s'y méprenant, toujours est-il, qu'une véritable statue de Saint Louis est réalisée par Charles Pêtre en 1867 et installée en lieu et place de l'usurpateur ! L'originale est gardée au Musée de la Cour d'Or, la copie malencontreusement détruite en 2011 est remplacée aussitôt par une statue proche de l'originale.
Autre petit évènement marquant la place : en 1886, à l'occasion d'une réunion électorale, un fonctionnaire municipal dénigre les propos d'un candidat protestataire et se voit recevoir une paire de gifles de la part de M. Maillard, qui se voit alors condamné à payer une amende de 100 marks. En souvenir de cet épisode, il fait apposer une main sur sa façade et appelle alors son commerce "la main dorée". Cette anecdote nous en dit long sur le climat régnant à Metz durant l'Annexion.
Saint Louis |
"La main dorée" |
"La main dorée" |
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